HONFLEUR ... "Garde ton Charme"

 "T'as voulu voir Vierzon, on a vu Vierzon,

   T'as voulu voir Honfleur, on a vu Honfleur,

   T'as voulu voir ta mère...                             "

 

Jacques Brel chante Honfleur, Eugène Boudin et L.A.Dubourg la peignent. Alphonse Allais y fait des calembours, et Erik Satie y compose ses mélodies. Tous deux se prélassaient sous les pommiers de la Ferme St-Siméon. Honfleur ne laisse pas insensible.

        Et nous, enfants de Honfleurais, que nous reste-t-il ? de jolis souvenirs.

Vous, qui irez, faites le tour du Vieux Bassin. Surpris et enchanté par ces hautes maisons à 3,4 étages et colombages, le 2ème étage étant un RDC sur la rue du Dauphin ! Cherchez un atelier de peinture, sculpture et vous serez étonné. Vous y verrez de nombreux bateaux attendant la marée haute pour franchir l'écluse de la Lieutenance. Ils ne sont plus en bois, et les voiles ne claquent plus au vent. La pêche n'est plus leur préoccupation. Pourtant nous étions amusés par les interpellations de quai à quai, lors de la rentrée des chaluts : "Hé, t'as du sauticot ? La mé était-y mauvaise ?" et vite les femmes armées de leur charrette à bras livraient le poisson, en respectant leur quartier.

Vous visiterez l'église Ste-Catherine, toute en bois, à la charpente au style "coque de bateau renversé", au clocher non accolé. Tout autour, les pavés sont d'origine. Beaux, luisants et de guingois, martelés par les pas des touristes de toutes nationalités. Ils sont encore en place mais attention "Chaussez-vous bien ! Pas de talons-aiguilles, vous vous briseriez la cheville !". Puis allez place St-Léonard, au pied de l'église, écoutez le bourdon à midi, retenez votre respiration et vous serez en extase. De même les musées, consacrés notamment aux peintres amoureux des lieux, vous raviront.  

Peut-être, aurez-vous le courage de faire l'ascension de la Côte de Grâce pour avoir une très belle vue sur l'estuaire de la Seine, et visiter la chapelle dédiée aux marins. Vous serez étonné par tous les ex-votos scellés aux murs et les bateaux suspendus- lesquels sont portés lors de la procession de la Fête des Marins à chaque Pentecôte. Sinon vous attendrez la magnifique Parade des Grands Voiliers le long de  la Seine, voguant vers le large et saluant le Pont de Normandie ! 

Mais Imaginez aussi en 1940-44, les stukas allemands piquant sur Le Havre, la laissant enflammée et rasée. "Le ciel rougeoyait" racontaient avec effroi nos vieux Honfleurais.

 

Honfleur ! tu es encore un petit bijou, mais ne te voue pas entièrement à la modernité !

Ce fut un bienfait pour les Greniers à Sel, endroit sale, triste, fréquenté par les marins en goguette, et le Lavoir, où les lavandières, poussant leur brouette fumante, s'invectivaient. Ces endroits nous étaient interdits !

Honfleur ! tu es toujours accueillante, chaleureuse, mais nous, enfants de Honfleur, nous n'avons plus :

-ce stand multicolore "Tout à 1 franc", le jour du marché. Joie des enfants, seau, pelle.. tout en plastique coloré

-la grand'mère qui nous confiait 5 francs pour l'achat du cornet -en papier-journal- de crevettes sautillantes, puis accompagnées du beurre demi-sel du grand'oncle Hyppolite, c'était un régal ou encore sa crème épaisse sur les fraises du jardin.

-la jument "Marquise", attelée à une carriole bien propre à haute capote noire, garée rue aux Chats, dans le haut de Honfleur. L'oncle était trop inquiet qu'elle ne se foule une patte dans les rues accidentées.

-et le grand'père qui nous gardait les pétales de roses pour en faire de la liqueur !

Passant d'un jour, vous déambulerez dans toutes ces petites rues aux noms charmants "L'homme de Bois", "le Bouloir", "la Foulerie",  ou le long de la digue en humant les embruns salés. Installé face au vieux Bassin, vous prendrez non pas une absinthe mais un verre de cidre bouché, et content de votre périple, vous vous direz "Je reviendrai, ne change pas !".